EXTRAIT de "SOUS ECRAN TOTAL" : Nouvelle galère, on ne rame plus, on clique

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Outre atlantique, la nouvelle cyber-économie a innové. Un nouveau modèle a émergé en tissant une relation encore plus étroite entre le travailleur et le « pourvoyeur d’emploi » grâce aux plateformes qui mettent en relation des auto-entrepreneurs et des missions. Livraisons, transports, travaux, services à la personne… l’uberisation est en marche !

Connectés toute la journée au réseau d’un employeur qui refuse de porter ce nom, les nouveaux esclaves de notre société attendent que l’algorithme daigne les désigner comme prestataire et les envoyer gagner quatre sous. Ils portent les risques (en cas d’accident, de maladie professionnelles), ne bénéficient que d’une protection qui se résume à une peau de chagrin.

Pour être reconnus et visibles de la « matrice », plusieurs stratégies sont mises en œuvre. Les livreurs à vélo qui se déplacent sont identifiés par l’informatique qui les qualifie « d’actifs » et leur attribuent un score de performance. Immobiles, ils sont certainement « faignants ». S’ils sont en mouvement, ils sont productifs ! Les livreurs s’obligent à pédaler et se mouvoir sans course afin d’être « sélectionnés ». Epuiser son corps dans le but d’être reconnu et élu au droit de « travailler », telle est la méthode proposée par ce que nous nommons le progrès.

Dans l’industrie, le travailleur connecté devient maillon d’une chaîne de production. Historiquement il était relié à des interfaces humain-machine (IHM),

Il réglait les paramètres, et contrôlait les systèmes. Dans un second temps le salarié n’est plus simplement connecté aux outils mais à ses collègues ; créant un pont entre les services. Les canaux multidirectionnels de données, d’information et de collaboration forment un ensemble de flux de valeurs. Aujourd’hui, il est connecté à sa machine, aux autres collègues mais également à des données, lui permettant de chercher une information, d’arbitrer et d’être de plus en plus autonome dans ses actions.(...)